Lors d'une Conférence des Nations Unies sur le climat (COP28) historique qui a formalisé l'engagement du monde à sortir des combustibles fossiles, l'UNESCO a défendu le rôle crucial de l'océanographie comme base de l'action sur les océans et le climat. Les questions océaniques ont fait d'importantes avancées dans le cadre du tout premier " Bilan mondial de l'Accord de Paris ", illustrant une reconnaissance sans précédent de la nécessité de prendre en compte l'océan lorsqu'on agit sur le changement climatique, et de renforcer l'action océanique en s'appuyant sur les meilleures données scientifiques océaniques disponibles.
Du 30 novembre au 12 décembre, des chefs d'État, des ministres et des négociateurs, ainsi que des militants pour le climat, des maires, des représentants de la société civile et des chefs d'entreprise se sont réunis à Dubaï pour le plus grand rassemblement annuel sur l'action climatique. Le principal résultat a été un engagement mondial historique à abandonner les combustibles fossiles d'ici à 2050, mais les pays ont également procédé à un tout premier bilan mondial, afin de faire l'inventaire de la situation mondiale en matière d'action et de soutien climatiques, d'identifier les lacunes et de travailler ensemble pour convenir de solutions (à l'horizon 2030 et au-delà).
Le document final de l'inventaire mondial fait plusieurs fois référence à l'océan, depuis le préambule jusqu'aux orientations et aux pistes pour l'avenir, qui sont examinées en détail dans cet article de la plateforme Océan et Climat.
Ces dialogues ont gagné en force et en visibilité au sein des processus de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et ont mis en évidence la nécessité de renforcer les observations systématiques, la recherche et la gestion des données basées sur les océans afin de soutenir la prise de décision scientifique en matière d'action climatique.
Avec le lancement des Ocean Breakthroughs en amont de la COP28, la communauté océanique dispose désormais d'un point de ralliement pour faire pression en faveur de l'action et des investissements océaniques afin d'atteindre les objectifs climatiques. Cette démarche sera essentielle en vue des prochaines conférences sur le climat qui se tiendront en Azerbaïdjan en 2024 et au Brésil en 2025.
L'UNESCO à la COP28
L'UNESCO était présente à la COP28, accueillant divers événements parallèles et panels de discussion, et sa Commission océanographique intergouvernementale (COI/UNESCO) a participé à une large coalition de partenaires engagés à rendre l'océan plus central dans les négociations sur le climat et à informer les délégués sur le potentiel de l'océan à soutenir l'action climatique.
La Décennie de l'Océan
La Décennie des océans s'est associée à OceanX pour accueillir un pavillon pendant toute la durée de la COP28, offrant ainsi des opportunités de discussions approfondies sur le rôle de la science dans la protection des océans, le renforcement de l'action océan-climat et l'accroissement de l'engagement à développer les connaissances nécessaires pour limiter le réchauffement à 1,5°C et stabiliser le climat de la Terre. Grâce à des tables rondes axées sur les défis de la Décennie des océans et à des supports visuels attrayants, le pavillon a été un point névralgique pour les discussions sur les solutions en matière de climat océanique.
Plusieurs programmes phares de la Décennie de l'océan, axés sur la recherche de solutions au problème du climat océanique, ont été présentés au cours d'une demi-journée dans le pavillon de l'océan. Cet événement a également donné lieu à des présentations de haut niveau sur les lacunes critiques en matière de science et de connaissances que la Décennie de l'océan est en train de combler, notamment par le biais du processus Vision 2030, les liens entre l'océanographie et le processus de la CCNUCC, et l'importance des partenariats multipartites pour réaliser la vision de la Décennie de l'océan, à savoir un océan sain et résilient d'ici à 2030.
La Décennie de l'océan a également fait l'objet de divers événements avec des partenaires clés, notamment des discussions menées par Fugro sur l'importance des données océaniques et sur le rôle de la philanthropie pour soutenir la science et l'innovation océaniques avec la Fondation Cortes Solaris et la Fondation Lloyd's Register. Ce dialogue a permis d'explorer les impacts et les solutions aux différents facteurs de stress du climat océanique, de l'acidification des océans à la désoxygénation.
Carbone bleu
Les solutions fondées sur la nature marine et côtière ont été largement reconnues dans les résultats de l'inventaire mondial pour leur rôle essentiel dans une action climatique efficace et durable.
Huit pays (Australie, Costa Rica, Fidji, France, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Seychelles, Royaume-Uni et États-Unis d'Amérique) ont présenté leurs efforts pour intégrer progressivement le carbone bleu dans l'action climatique nationale lors d'un événement officiel parallèle intitulé "Blue Carbon Coastal Wetlands in Climate Action : Taking Stock of Nature-based Solutions in Practice", co-organisé par le Partenariat international pour le carbone bleu (IPBC), la Plateforme Océan et Climat et le Pew Charitable Trusts.
L'IPBC est une initiative du gouvernement australien, coordonnée conjointement avec la COI/UNESCO, qui rassemble plus de 50 gouvernements, OIG, ONG et institutions de recherche du monde entier. Lors de la COP28, le Japon a annoncé qu'il rejoignait l'IPBC en tant que nouveau partenaire, ce qui porte à 18 le nombre total de pays participant à cet effort mondial.
Dans l'ensemble, près de 30 événements parallèles portant sur le carbone bleu et le rôle des zones humides côtières dans l'action climatique ont été organisés et coorganisés par les partenaires de l'IPBC à Dubaï, notamment un dialogue sur le carbone bleu dans le pavillon de la Décennie de l'océan + OceanX, accueilli par le programme de la Décennie mondiale de l'océan pour le carbone bleu (GO-BC), et un événement de haut niveau dans le pavillon français sur un groupe d'ambition de haut niveau sur le carbone bleu contribuant à la réalisation des objectifs de l'IPBC, avec des représentants de l'Australie, du Costa Rica, de la France et de Monaco.
Stress océanique (acidification et désoxygénation des océans)
L'acidification et la désoxygénation des océans sont des conséquences directes de l'augmentation des émissions deCO2 dans l'atmosphère et dans les océans. Au cours de la COP28, la COI/UNESCO a présenté ses initiatives liées à ces changements dans l'océan lors de plusieurs événements parallèles, dialogues et événements mandatés.
Le Réseau mondial d'observation de l'océan, soutenu par la COI et l'UNESCO, et le programme de la Décennie mené conjointement par la COI et l'UNESCO, intitulé " Recherche sur l'acidification des océans pour un développement durable " (OARS), ont expliqué les impacts de l'acidification des océans et de la santé des océans lors du Café mondial de la Journée d'information sur la Terre et ont exploré avec le public les moyens possibles pour que l'observation des océans soutienne des stratégies innovantes d'atténuation et d'adaptation.
Le sujet a également été fortement promu par la COI/UNESCO lors d'un dialogue avec des fondations, d'autres organisations des Nations Unies, des OIG et des représentants gouvernementaux au pavillon de la Décennie de l'océan + OceanX, qui a permis d'identifier des activités concrètes de l'OARS pour 2024, et par le biais d'un événement parallèle sur "Tirer parti des mécanismes des Nations Unies pour l'adaptation et la résilience de l'OA locale", invitant de nouveaux partenaires à rejoindre l'OARS et à soumettre des engagements connexes de l'OARS.
La désoxygénation reste négligée dans de nombreuses discussions portant sur les impacts du climat sur l'océan lors des événements de la CCNUCC. Pour contrer cette tendance persistante, la COI/UNESCO, en collaboration avec le Réseau mondial pour l'oxygène de l'océan, le programme de la Décennie mondiale de l'oxygène de l'océan et d'autres partenaires, a organisé un événement au Pavillon de l'océan intitulé "Changement climatique, désoxygénation et biodiversité en haute mer et dans les profondeurs marines : Interactions et opportunités politiques", afin de souligner l'importance des observations de l'oxygène dans l'océan.
Observation et données océaniques
La Journée d'information sur la Terre 2023 (EID 2023), dont le mandat est annuel, a été l'occasion d'échanger des informations sur l'état du système climatique mondial et les progrès réalisés en matière d'observation systématique.
Le Système mondial d'observation de l'océan, dirigé par la COI et l'UNESCO, a participé à la plénière de haut niveau et aux éléments du Café mondial de l'EID 2023, soulignant la nécessité de maintenir et de renforcer l'observation mondiale de l'océan afin d'aider à la compréhension du système climatique et de servir de base scientifique aux mesures d'adaptation, d'atténuation et aux systèmes d'alerte précoce.
L'EID 2023 a réuni plus de 250 participants et a directement alimenté les négociations sur l'observation systématique dans le cadre de l'Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique (SBSTA). Les conclusions des parties ont souligné l'importance des observations soutenues et à long terme du système terrestre et la nécessité de combler les lacunes en matière de données, notamment pour les océans et les régions côtières.
Les parties ont pris acte de la nouvelle Veille mondiale des gaz à effet de serre, pilotée par l'OMM, qui vise à mettre en place une surveillance systématique et durable des concentrations et des flux de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale, le renforcement de la surveillance de ces flux à l'interface entre l'océan et l'atmosphère étant essentiel à cet égard. Un appel a également été lancé pour que le soutien du mécanisme de financement des observations systématiques soit plus largement étendu à la communauté des observateurs systématiques.
Connaissance des océans
L'éducation aux océans est de plus en plus reconnue comme un objectif fondamental pour la société dans son ensemble si nous voulons promouvoir une relation plus harmonieuse et plus équitable entre l'humanité et l'océan. Il s'agit bien sûr de promouvoir une meilleure compréhension du lien entre l'océan et le climat et d'élaborer des programmes éducatifs spécifiques dans ce domaine.
Un dialogue ciblé s'est tenu au pavillon Ocean X + Ocean Decade, promu par la COI/UNESCO, Communications Inc. et l'Université fédérale de Sao Paulo, pour discuter de la manière dont nous pouvons tirer parti de la puissance de la communication stratégique pour transmettre des messages liés à l'importance de l'océan en tant que centre du discours sur les solutions climatiques. Des journalistes, activistes et influenceurs d'Afrique, du Brésil et des régions MENA ont discuté de la manière de développer des initiatives de renforcement des capacités pour s'assurer que les informations fournies par les médias traditionnels et non traditionnels sont basées sur des informations scientifiquement valables.
Le concept d'école bleue, fédéré par l'UNESCO, a été promu avec succès par de nombreux pays et régions du monde, notamment en Europe, en Afrique, en Amérique du Nord, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Les écoles bleues font entrer l'océan dans la salle de classe. En devenant une école bleue, les enseignants et les élèves amélioreront leur compréhension de l'océan et développeront un sentiment de responsabilité à l'égard de notre planète commune.
Lors de la COP28, la COI/UNESCO et l'Université fédérale de Sao Paulo ont organisé, dans le cadre du programme "Ocean Literacy With All" de la Décennie des océans, trois événements parallèles sur la façon dont le programme des écoles bleues peut devenir un groupe d'essai pour la proposition de programme d'études bleu de l'UNESCO, en plaidant pour l'inclusion de la connaissance des océans dans les cadres des programmes d'études.
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À propos du CIO/UNESCO :
La Commission océanographique intergouvernementale de l'UNESCO (COI-UNESCO) encourage la coopération internationale dans le domaine des sciences de la mer afin d'améliorer la gestion des océans, des côtes et des ressources marines. La COI permet à ses 150 États membres de travailler ensemble en coordonnant des programmes de développement des capacités, d'observations et de services océaniques, d'océanologie et d'alerte aux tsunamis. Le travail de la COI contribue à la mission de l'UNESCO qui est de promouvoir l'avancement de la science et de ses applications afin de développer les connaissances et les capacités, essentielles au progrès économique et social, fondement de la paix et du développement durable.
À propos de la Décennie de l'océan :
Proclamée en 2017 par l'Assemblée générale des Nations unies, la Décennie des Nations unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030) ("la Décennie de l'océan") vise à stimuler la science océanique et la production de connaissances afin d'inverser le déclin de l'état du système océanique et de catalyser de nouvelles opportunités de développement durable de ce gigantesque écosystème marin. La vision de la Décennie de l'océan est "la science dont nous avons besoin pour l'océan que nous voulons". La Décennie de l'océan fournit un cadre de rassemblement pour les scientifiques et les parties prenantes de divers secteurs afin de développer les connaissances scientifiques et les partenariats nécessaires pour accélérer et exploiter les progrès de l'océanographie afin de parvenir à une meilleure compréhension du système océanique, et de fournir des solutions fondées sur la science pour réaliser l'Agenda 2030. L'Assemblée générale des Nations unies a chargé la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l'UNESCO de coordonner les préparatifs et la mise en œuvre de la Décennie.