5,4 millions de kilomètres carrés de nouvelles données, soit une superficie équivalente à deux fois celle de l'Argentine, ont été ajoutés à la carte définitive des fonds océaniques de la planète, 24,9 % des fonds marins étant désormais cartographiés.
Ce chiffre a été annoncé par S.A.S. le Prince Albert II de Monaco lors de l'Assemblée de l'Organisation hydrographique internationale (OHI), qui se tient actuellement à Monaco. Formée par les représentants de ses 98 États membres et observateurs, l'Assemblée se réunit tous les trois ans pour discuter des nouveaux développements en matière de normes techniques et de cartographie des océans, et pour adopter des résolutions visant à orienter les activités.
L'effort mondial pour cartographier l'ensemble des fonds océaniques avant la fin de la décennie est mené par Seabed 2030, un projet de collaboration entre la Nippon Foundation et la Carte générale bathymétrique des océans (GEBCO), elle-même un programme conjoint de l'OHI et de la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l'UNESCO.
Seule organisation ayant pour mandat de cartographier l'ensemble des fonds marins, la GEBCO fournit les ensembles de données les plus fiables sur les océans de la planète.
Lors de la cérémonie d'ouverture, le Prince Albert II a salué les progrès réalisés dans le domaine de la cartographie des océans et a reconnu le rôle de la GEBCO, qui fête cette année ses 120 ans d'existence. La GEBCO a été créée en 1903 par son ancêtre, le prince Albert Ier de Monaco.
La cartographie des fonds marins est une étape essentielle pour éclairer la prise de décision dans des domaines tels que la gestion des ressources, les changements environnementaux et la conservation des océans. Elle soutient directement l'ODD 14 des Nations unies, qui vise à conserver et à exploiter durablement les océans. Seabed 2030 est une action officiellement approuvée dans le cadre de la Décennie des Nations unies pour l'océanographie au service du développement durable 2021-2030 (la Décennie de l'océan).
Lorsque Seabed 2030 a été lancé en 2017 pour servir de catalyseur à la cartographie des fonds marins, seuls six pour cent d'entre eux avaient été cartographiés en haute résolution. La même année, l'Assemblée générale des Nations unies a proclamé la Décennie des océans, avec pour principal défi d'élaborer une carte complète des océans, afin d'assurer une gestion plus durable du milieu marin et de ses ressources.
En six ans, un total monumental de 90 millions de kilomètres carrés de données bathymétriques a été acquis grâce à des partenariats mondiaux, à la mobilisation des données et aux progrès de l'innovation technologique. Cela a conduit à des développements conséquents dans la recherche scientifique, ainsi qu'à une série de découvertes. Le mois dernier, le nouveau catalogue des monts sous-marins a été publié et comprend plus de 19 000 volcans sous-marins nouvellement découverts. Ces découvertes contribuent à faire progresser les études sur l'écologie, le brassage des océans et la tectonique des plaques, et améliorent notre capacité à protéger et à gérer durablement nos océans.
Malgré les progrès récents, les trois quarts de l'océan restent un mystère. Parmi les principaux défis à relever pour cartographier l'ensemble des fonds marins, citons l'immensité et la profondeur des océans, les capacités technologiques limitées, le coût élevé des expéditions de cartographie et le renforcement des capacités.
Outre les activités de cartographie des océans, Seabed 2030, la Nippon Foundation, la GEBCO, l'OHI et la COI/UNESCO mettent fortement l'accent sur le renforcement des capacités, dans le but de donner à la prochaine génération d'hydrographes et de chercheurs en océanographie les moyens d'agir.
À cette fin, le programme de formation Nippon Foundation-GEBCO et l'initiative Empowering Women in Hydrography de l'OHI visent à créer une communauté diversifiée et inclusive de cartographes des océans. Ces initiatives constituent un élément essentiel des efforts déployés pour soutenir les objectifs de développement globaux des Nations unies et la Décennie de l'océan, qui vise à développer la connaissance des océans par le biais de l'autonomisation des citoyens et des communautés.
Les récentes avancées en matière de cartographie des océans témoignent de la puissance de la collaboration, de l'innovation et de l'engagement en faveur d'un objectif commun - au bénéfice de l'humanité. Le 120e anniversaire de la GEBCO nous rappelle les progrès considérables accomplis au cours du siècle dernier et tout ce qu'il reste à faire.
L'objectif est ambitieux mais tout à fait réalisable si nous parvenons à mobiliser la communauté mondiale pour qu'elle participe. Toute personne ayant un lien avec l'océan peut jouer un rôle important en aidant à cartographier l'ensemble des fonds marins d'ici la fin de la décennie.
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CITATIONS CLÉS
Commission océanographique intergouvernementale de l'UNESCO
"Cartographier l'océan dans son intégralité est l'objectif ultime de la GEBCO depuis sa naissance en 1903 à l'initiative du Prince Albert Ier de Monaco. 120 ans plus tard, connaître la géométrie de notre propre planète est une nécessité pour atteindre les objectifs de la Décennie des Nations Unies pour l'océanographie au service du développement durable. Notre étroite collaboration avec l'Organisation hydrographique internationale dans le cadre du projet Nippon Foundation-GEBCO-Seabed 2030 a permis une accélération sans précédent de la couverture cartographique des fonds marins en seulement huit ans", a déclaré Vladimir Ryabinin, secrétaire exécutif de la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l'UNESCO. "Grâce à cette meilleure connaissance, nous pouvons prendre des décisions plus éclairées sur la façon de protéger et d'utiliser durablement l'océan, afin qu'il reste une ressource vitale pour les générations à venir."
La Nippon Foundation
"La Nippon Foundation travaille avec GEBCO depuis 2004", a déclaré le directeur exécutif Mitsuyuki Unno. "Le programme a formé plus de 100 cartographes des océans de 46 pays et les anciens élèves ont soutenu les efforts mondiaux visant à compléter la grille GEBCO. Les progrès récents démontrent la puissance de la collaboration internationale et le dévouement de toutes les personnes impliquées dans ce projet, mais nous ne devons pas perdre de vue l'objectif final. Il s'agit d'une mission qui nécessite le soutien et l'engagement continus de toutes les parties prenantes, et j'appelle tout le monde à se joindre à nous dans cette entreprise importante".
Fonds marins 2030
"La cartographie des fonds marins est une tâche ambitieuse qui nécessite les technologies les plus récentes, des approches innovantes et, fondamentalement, des partenariats solides", a déclaré Jamie McMichael-Phillips, directeur du projet Seabed 2030. "Seabed 2030 a la chance de pouvoir compter sur le soutien de ses organisations partenaires qui partagent notre vision d'une carte complète des océans, et nous sommes conscients de ce qu'il reste à faire.
GEBCO
"Six ans après le début du projet GEBCO Seabed 2030 de la Nippon Foundation, et l'année où nous célébrons les 120 ans de GEBCO, nous sommes passés de 22 millions à 90 millions de kilomètres carrés de fonds marins cartographiés et accessibles à l'humanité. Cela équivaut à deux fois la masse continentale de l'Asie. C'est une réalisation impressionnante à tous points de vue. Cela signifie également que nous n'en sommes qu'au début, puisque 75 % des fonds marins n'ont toujours pas été découverts", a déclaré Evert Flier, président du comité directeur de la GEBCO. Grâce au programme de formation à la cartographie des océans de la Nippon Foundation et au programme de l'OHI "Empowering Women in Hydrography", nous investissons également dans une future génération diversifiée de cartographes des océans afin de garantir que le travail important de la GEBCO puisse se poursuivre pendant les décennies à venir. Nous invitons les organisations, les entreprises et les gouvernements à envisager de fournir des données existantes pour soutenir cette mission collective. Même les données à faible résolution - qui ne compromettent pas les intérêts stratégiques ou commerciaux - peuvent s'avérer inestimables pour nous aider à cartographier les lacunes et à atteindre l'objectif de 100 % des océans cartographiés".
IHO
"La cartographie des océans est la dernière grande aventure d'exploration de notre époque", a déclaré M. Mathias Jonas, secrétaire général de l'OHI. "Les données recueillies permettent de prendre des décisions fondées sur la connaissance et seront essentielles au développement du jumeau numérique de l'océan, thème de la Journée mondiale de l'hydrographie de cette année. Les données de la GEBCO seront au cœur de cette entreprise. Il ne s'agit pas seulement d'un avantage, mais d'un impératif : nous devons travailler ensemble pour atteindre l'objectif d'un océan entièrement cartographié".